Le jubilé de l’espérance ouvert prochainement par le pape François est une belle initiative pour raviver cette vertu dans un monde en proie aux tensions. Ce don, éprouvé au milieu des combats, souvent apostrophé d’optimisme béat est, au contraire, un appel concret au bonheur. Par ce jubilé, le Saint-Père nous incite à retrouver la joie de vivre tant « l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), ne peut se contenter de survivre ou de vivoter » (n° 9). Loin de nier la complexité des cris qui habitent nos cœurs et notre monde, le pape nous invite à les regarder en face, à les envisager avec espérance, comme ce don précieux de Dieu qui suscite des réponses concrètes, nouvelles, inattendues, lorsque notre liberté et notre volonté y adhèrent.
Fidesco reçoit des demandes de soutien au quotidien, en France et à l’étranger. Nombreux sont les cris qui nous parviennent. Cette détresse interpelle notre responsabilité et notre capacité d’aimer. « Une âme embrasée d’amour ne peut rester inactive », disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et c’est bien cette dynamique de l’espérance que Fidesco s’efforce de transmettre. Que ce soit à l’échelle personnelle, par la mission qu’accomplit chaque volontaire, à l’échelle communautaire, par les soutiens financiers en faveur de projets dans des zones à haut risque, ou encore par la voie du plaidoyer en lien avec les divers acteurs de la solidarité internationale, Fidesco relie le cri des pauvres, à la gratitude de ceux qui reconnaissent avoir beaucoup reçu et désirent se mettre au service de l’Église et du monde, en vue du bien commun. Comme nous y encourage le pape François, l’espérance doit se matérialiser dans la rencontre et des réponses concrètes aux injustices que subissent les plus démunis.
« Je pense en particulier à ceux qui manquent d’eau et de nourriture : la faim est une plaie scandaleuse dans le corps de notre humanité et elle invite chacun à un sursaut de conscience. » (n° 16) Le Saint-Père appelle à faire cesser les guerres et l’armement au profit de ce soutien vital de notre frère affamé ! À Goma, en République démocratique du Congo, non loin des villages sous le feu des bombardements, un camp de réfugiés contacte Fidesco : des centaines d’enfants n’ont plus leurs proches, il est impossible de les nourrir sans soutien financier. L’arme de l’espérance doit alors être plus forte que celles qui ont fait de ces enfants des orphelins affamés. Et cette espérance, nous l’avons vécue : de nombreux donateurs se sont mobilisés pour leur venir en aide. Pas très loin de là, au Soudan du Sud, le comité Justice et Paix s’est engagé lui aussi en créant une peace farm.
Créer une communauté pour la paix, dans ce pays en tension ethnique et où beaucoup de populations ont été déplacées par la guerre, sera source de coopération, de productivité et, chaque soir, des agriculteurs auront la fierté de pouvoir nourrir leur famille. Certes, Fidesco ne peut faire cesser cette guerre mais nous pouvons rendre ces fermiers acteurs d’une espérance active et partagée. D’autres situations que les conflits armés gardent nos frères et sœurs dans la précarité. « Qu’il y ait une attention inclusive envers ceux qui, se trouvant dans des conditions de vie particulièrement pénibles, font l’expérience de leur faiblesse (…). Le soin envers eux est un hymne à la dignité humaine, un chant d’espérance qui appelle l’agir harmonieux de toute la société. » (n° 11).
C’est cette mélodie dans laquelle s’inscrivent les jeunes, les couples, les consacrés, les familles, les retraités partant avec Fidesco pour découvrir la joie du don. En somme, le jubilé de l’espérance auquel le Saint-Père nous convie n’est pas seulement un appel spirituel, mais bien une invitation à un engagement à notre échelle, à porter ensemble le cri des pauvres avec eux : « Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés. » (n° 16)
Pape François, Bulle pour le Jubilé 2025 – 9. Laudato si’, n. 51.
Je voudrais adresser une invitation pressante : elle est destinée aux nations les plus riches pour qu’elles reconnaissent la gravité de nombreuses décisions prises et qu’elles se décident à remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser. C’est plus une question de justice que de magnanimité, aggravée aujourd’hui par une nouvelle forme d’iniquité dont nous avons pris conscience : « Il y a, en effet, une vraie “dette écologique”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles ».
Comme l’enseigne l’Écriture Sainte, la terre appartient à Dieu et nous y vivons tous comme des hôtes et des étrangers (cf. Lv 25, 23). Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés.
Article publié pour le magazine Il est vivant!