Nous n’étions pas prévenues de leur arrivée, et nous les avons découvertes un dimanche soir en rentrant de Bangkok. Elles ne parlaient ni anglais, ni français ni thaï, seulement vietnamien. Nous devions donc communiquer par gestes et sourires.À vrai dire, ces dames se montrèrent très discrètes ; nous ne les voyions guère qu’à midi, dans la cuisine/réfectoire du rez-de-chaussée où tous les volontaires déjeunent ensemble à 11h30. Le soir, elles prenaient leur dîner dans leurs chambres. Je fus vite frappée par la sérénité qui émanait d’elles et par leur attention aux autres, malgré le silence qui les entouraient, ou peut-être plutôt grâce au silence qui les entourait.Elles échangeaient brièvement entre elles, et semblaient toujours sur la même longueur d’onde. Je fus moi-même la bénéficiaire de leur attention simple et délicate.Un matin, alors que je prenais mon petit déjeuner, seule dans la cuisine, l’une d’elles vint chercher des choses dans le frigidaire,derrière moi. Je vis soudain apparaitre près de ma tasse de café, très doucement, une mandarine toute fraiche. La délicatesse avec laquelle la dame déposa le fruit sur la table me saisit et me fit monter les larmes aux yeux. Je ne peux pas dire autrement que je ressentais de l’amour dans ce geste très simple. Je ne prends pas habituellement de fruit au petit déjeuner, mais cette mandarine a eu un goût de paradis !Une autre fois, toujours au petit déjeuner, la même dame vint, sans me demander quoi que ce soit, me masser la nuque et les épaules. Passée la surprise, cela me fit tellement de bien qu’encore une fois j’en pleurais de reconnaissance. Au-delà du bienfait physique non négligeable, j’étais bouleversée par la bonté que je sentais dans ses gestes. Sa seule motivation était de me faire du bien. Je le ressentais.Ce n’est que la veille de leur départ que j’ai pu leur demander leurs prénoms. Elles s’appellent Hung et Dek. Ma préférée c’est Hung, celle de la mandarine. Je vais vous conter l’épilogue de cette rencontre, avec son enseignement, à la mesure de ce que j’en ai compris bien sûr !
Les deux visiteuses vietnamiennes m’ont fait l’effet de deux anges. Je pense au passage de la Bible où le Seigneur vient visiter Abraham et Sara au chêne de Mambré, sous la forme de trois hommes (Livre de la Genèse, chapitre 18).Il leur demande l’hospitalité. Cette hospitalité n’est pas grand-chose au regard de la bénédiction qu’il va leur accorder : la descendance promise malgré leur âge avancé et la naissance de l’enfant de la Promesse.
Il fut bien question d’hospitalité entre nous. Le cœur est bien lent et rétif à s’ouvrir ! Malgré la mandarine, le mien s’était vite refermé. En fait, je pense que l’histoire n’était tout simplement pas terminée. J’avais besoin que la leçon fût plus longue et plus explicite pour que je l’intègre.
Oui, je m’étais éloignée de la grâce de la mandarine, quand un matin, je constatais que ces discrètes petites dames prenaient régulièrement dans nos réserves de café et de thé. Mon paquet de sachets de thé Lipton était presque vide alors qu’il était plein une semaine auparavant. Il se trouve que Hung entra dans la cuisine au moment précis où je refermais le paquet. Elle me dit en vietnamien quelque chose qui devait ressembler à « je peux bien prendre de ce thé, n’est-ce-pas ? », je lui répondis un « oui » suffisamment timide pour signifier que cela me contrariait. Elle n’insista pas.
Myriam avait elle aussi observé que ses sachets de café au lait disparaissaient plus vite qu’à l’accoutumée. Mais sa réaction, toujours bienveillante, fut plus généreuse que la mienne. Elle dit : « C’est notre petite participation à leur accueil ! » Je savais qu’elle avait raison. J’eus vraiment honte de ma pingrerie. J’aurais alors voulu leur donner tous mes sachets de thé. Mais l’occasion ne se présenta pas, car nous étions la veille de leur départ. Hung se montra jusqu’au bout tout aussi gentille qu’auparavant. Je croisais son regard à plusieurs reprises, et il était toujours souriant et encourageant.
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Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !
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Prochaine rencontre Fidesco en visio le 11 mars 2025.
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