Humbles Serviteurs

Par Clémence Poniatowski et Tasnim Boucaud

La mission porte des fruits. Elle fait grandir humainement, spirituellement, professionnellement. Les missionnaires qui consacrent leur vie au service de l’Église et des pauvres, les volontaires sur le terrain en témoignent tous : la mission transforme durablement.

Guillaume et Lorraine, envoyés en Côte d’Ivoire, le racontent en ces termes : « Cette année aura été bien dense. Entre les préparatifs de notre départ, notre arrivée à Bonoua, la découverte d’une culture qui nous est si étrangère, la rencontre avec les enfants handicapés et les petites sœurs Missionnaires de la Charité… sans oublier les rebondissements auxquels nous avons été confrontés ! Quelle AVENTURE ! C’est un peu comme une douche froide, saisissante au début, mais vivifiante ! Aventure qui nous permet de découvrir notre humanité plus en profondeur. Aventure qui nous permet de faire l’expérience d’une certaine pauvreté. Aventure qui donne de goûter la joie profonde ! Nous avons reçu la vie et l’amour en abondance, et à travers cette mission, nous avons l’occasion de partager un peu de ce qui nous a été offert. »

 

Devenir serviteur et ami des pauvres

Professionnellement, la mission est un engagement extrêmement formateur. Exercer ses compétences dans un contexte culturel entièrement nouveau, apprendre avec patience de nouvelles manières de faire, assumer les imprévus, faire face à la pauvreté des moyens matériels et techniques, œuvrer aux côtés des équipes locales dans le respect, l’écoute mutuelle et l’enrichissement réciproque : tel est le défi à relever. Mais l’enjeu de la mission dépasse largement un apport de compétences. Celle-ci en effet ne se limite pas à une simple expérience de travail et de découverte culturelle. Avec ses doutes, ses difficultés et ses joies, elle est un cheminement qui recentre sur l’essentiel et façonne en profondeur. Elle englobe et unifie toutes les dimensions de la vie, et suppose une entière disponibilité. La vie quotidienne sur le terrain, dans des conditions matérielles simples, permet une vraie proximité avec la population locale. Elle est tissée de nombreux moments de partage et d’émerveillement. La mission prend réellement tout son sens lorsque, de serviteur, l’on apprend à devenir l’ami, le frère des pauvres côtoyés au quotidien.

« Nous avons dû apprendre à nous rendre disponibles tout au long de la mission. Disponibilité dans notre emploi du temps, mais surtout disponibilité dans notre cœur ! Être au service c’est accepter que son planning, sa vision, n’existe que dans l’écoute et l’accueil de l’autre. Que c’est difficile d’accueillir chaque personne entrant dans le bureau avec le sourire, de lui consacrer pleinement tout le temps dont elle a besoin ! Et pourtant, les quelques fois où nous avons réussi à le faire de tout notre cœur, nous étions remplis d’une joie immense ! » Jérôme et Albane, en mission à Madagascar de 2015 à 2017

 

Donner et recevoir de la joie

« Le maître-mot de la mission est la joie, écrit Benoît, volontaire aux Philippines. Pas une joie éthérée, non : une joie reçue dans un terreau bien incarné, humain, difficile aussi. » Tous ceux qui vivent la mission peuvent en témoigner : celle-ci est source de joie véritable. Elle passe par des étapes difficiles et des moments de doute. Mais ce qui marque durablement les cœurs, c’est bien cette joie vive et inattendue qui jaillit de la rencontre avec les plus pauvres et du don réciproque.

 

Joie de la rencontre

Bien souvent, l’arrivée sur le terrain s’accompagne d’un choc : celle de la pauvreté côtoyée au quotidien et de vies meurtries par de terribles épreuves. Mais cette prise de conscience douloureuse s’accompagne bientôt d’une autre découverte, plus inattendue : celle de la joie mystérieuse et de l’espérance indéfectible qui habite les pauvres, au cœur même de la détresse. Cette joie profonde chez des personnes qui ont si peu de choses auxquelles se raccrocher questionne et interpelle. Elle touche le cœur et modifie le regard : ceux qui sont venus servir et se donner aux pauvres se laissent alors enseigner à leur tour par ces vies intensément vécues, et y découvrent un puissant témoignage de confiance et de foi.

« Nous sommes entourées de ces tout petits, ces drogués et ces ivrognes, ces prisonniers et ces malades, ces indésirables et ces isolés. Nous vivons avec eux. Tous les jours, nous faisons l’expérience de cette présence de Jésus. Alors oui, à force de côtoyer toutes ces âmes blessées et meurtries, il y a parfois des moments durs. Mais qui sont très souvent suivis par ces fameux éclats de vie et ces rayonnements de joie. Des petites pépites qui illuminent. Des pépites qui nous permettent de tenir et nous redonnent foi en l’humanité et en l’espérance. » Clémence, en mission en RDC de 2016 à 2018

 

Joie de la gratuité

À la joie reçue auprès des plus pauvres s’ajoute la joie née du don, qui décentre de soi et ouvre à la rencontre. Le premier don à vivre est celui du travail et des compétences, qui portent sur le terrain des fruits concrets, source d’espérance. Mais il arrive parfois que ces fruits ne soient pas immédiatement perceptibles et mesurables. Le chemin de la mission peut alors passer par des phases de désillusion : il s’agit de renoncer aux quêtes de succès et de résultats selon nos propres critères, pour aller plus loin dans la confiance et l’abandon. La mission enseigne ainsi à ne rien considérer comme acquis, à laisser place à l’imprévu, à persévérer dans les difficultés. Peu à peu, le don se fait gratuit, sans attente de retour. Il introduit dans une dimension plus profonde de la joie : celle-ci ne vient pas d’abord de ce que l’on fait, mais elle naît plutôt de la rencontre authentique, de la compréhension mutuelle, de l’amour reçu et donné.

La mission ne fait pas de nous des super-héros. Elle nous révèle notre pauvreté. Je suis incapable de tout maîtriser. Le champ d’action est immense, les idées nombreuses. Se décourager ? J’apprends à continuer de rêver grand, tout en me réjouissant du petit. Rêver grand pour continuer d’espérer, me réjouir du petit pour goûter au présent de l’espérance. Marie, en mission au Brésil de 2016 à 2018

 

Apprendre l’humilité

La rencontre profonde et authentique avec une autre culture suppose d’entrer dans une attitude d’écoute, de patience, de réceptivité. Dans le domaine professionnel, cette attitude se traduit par le souci de transmettre et de laisser toute sa place à l’autre. Tout l’enjeu est de renoncer à son œuvre propre pour se mettre au service d’une œuvre commune, de ne pas agir en maîtres, mais dans un esprit de service et de gratuité. Sur le terrain, les contradictions elles-mêmes portent des fruits de patience et d’humilité. Elles invitent à faire le choix de la confiance et du lâcher-prise. Ce choix n’est pas un renoncement à agir : il permet plutôt de travailler avec respect et délicatesse, par petites touches, sans chercher à tout changer ou à tout bouleverser, en tenant compte des différences culturelles et en se laissant enseigner avec simplicité. À travers joies et difficultés, dans un contexte où ils sont eux-mêmes les étrangers, ceux qui vivent la mission au loin font l’expérience de leurs propres pauvretés. Dans leur travail et leur vie quotidienne auprès des plus démunis ils apprennent à accueillir en profondeur non seulement la faiblesse de l’autre, mais aussi leur propre vulnérabilité. Partis pour servir et répondre à un besoin, ils découvrent qu’ils ont, eux aussi, besoin de l’autre. Agir pour le développement avec humilité, se laisser simplifier, être présent, accueillir avec amour : voilà l’essentiel de la mission !

« J’espère que ma mission a été fructueuse pour les personnes que j’ai rencontrées, mais ce n’est certainement pas à moi de juger cela. En revanche ce que je peux affirmer, c’est qu’elle l’a été pour moi, au-delà de toute attente. Elle m’a fait grandir humainement et spirituellement. Humainement car j’ai gagné en assurance, j’ai changé mon rapport aux autres. J’ai appris à ne pas juger, car chaque personne est une merveille qui a beaucoup à m’apprendre. J’ai appris à écouter plutôt qu’à vouloir enseigner. J’ai découvert que ce n’est certainement pas l’argent qui fait le bonheur, et souvent c’est justement l’inverse. J’ai appris que la simplicité de vie, qu’elle soit choisie ou non, est une vraie richesse et que je souhaite en faire le choix. J’ai également grandi spirituellement : ma vie de prière était très intense et très régulière. J’ai découvert combien cette régularité est importante et combien elle peut être porteuse. J’ai fait l’expérience que la confiance en Dieu et l’abandon rendent la vie beaucoup plus simple et tellement plus agréable. J’ai compris que la foi n’a aucun sens si elle n’est pas accompagnée de comportements cohérents. En effet, les gestes, les actions et les comportements parlent et témoignent beaucoup plus que les discours, ils doivent être le reflet de notre foi. »

Podcast

Nos anciens volontaires replongent dans leurs souvenirs le temps d’un épisode de podcast à écouter au fond d’un canapé, dans les transports, en cuisine ou ailleurs… À cœur ouvert, ils témoignent de leur mission professionnelle à l’autre bout du monde. Ils vous livrent leurs joies, leurs difficultés mais aussi leurs enseignements. En bref, ils vous racontent tout sur la mission !

Un nouvel épisode disponible chaque mois sur toutes les plateformes d’écoute, n’hésitez pas à vous abonner et à partager notre podcast pour diffuser la joie de la mission ! 🕊

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